Royaumes de Fortalissam
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Royaumes de Fortalissam

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 Un petit récit pour le plaisir

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Alexandre
Le Tyran



Messages : 3860
Date d'inscription : 03/08/2010

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MessageSujet: Un petit récit pour le plaisir   Un petit récit pour le plaisir EmptyDim 21 Oct - 17:07

Bonjour à tous,

Voici une petite histoire que j'ai écrite pour le fun, incorporant quelques uns des personnages, avec beaucoup de PNJs pas importants haha (genre, les soldats).

Au plaisir,


PS: Elle n'est pas terminée, comme vous le ocnstaterez, la suite viendra en temps et lieu, et la mise en page n'est pas conservée.

Assaut sur Forte-Grâce :
La brunante était tombée, amenant avec elle le froid glacial de cette fin d’automne. Une brise, semblant percer la chair pour broyer les os, emporta les dernières feuilles décolorées qui se tenaient encore dans les hautes branches des arbres, semblant défier le ciel qui se faisait de plus en plus sombre.
Les nuages étaient bas, jaunâtres et sombres. Ils passaient entre les troncs des arbres, presqu’à portée de la main. Au loin, la plainte mélodieuse du métal tintant sur lui-même retentissait, accompagnée du vrombissement malsain de tambours lointains, résonnant entre les branches comme le gong de la fin des temps.
Des voix, plus semblables à des murmures, les accompagnaient lourdement dans la pénombre, semblant être portées par les effluves obscurs des guerres chimiques des dernières semaines. La végétation était jaunâtre, malade, plus qu’elle ne le serait normalement à cette période de l’année, alors que l’écorce décollait des arbres et ballottait dans le vent, tenue par un fil à son géniteur.
La pluie se mit à tomber en épaisses cordes liquoreuses, emmenant avec elle tous les déchets chimiques soulevés par les dernières attaques au gaz de l’ennemi. Le liquide poisseux coulait sur le corps des soldats amassés dans la région. Sous le cri répété des officiers, des dizaines d’hommes vêtus de blanc et de vert avançaient à la cadence criée par leurs officiers, leurs cottes de mailles accompagnant de leur tintamarre le bruit de leurs pas.
« Section, en formation dix! » gronda une voix usée, les cordes vocales visiblement pelées par la dernière attaque aux gaz qu’avait subit le village. Plusieurs fois, cet ordre retentit ici et là alors qu’une trentaine d’hommes se positionnaient à l’entrée de la communauté. Derrière eux, la forme sombrement vêtue d’un officier de la préfecture faisait les cent pas.
« Hommes de la garde, vous savez ce que je pense des lâches » gronda la voix du Préfet, grave, puissante, rauque. Ses dents acérées qui le dénotaient clairement du reste de l’espèce humaine l’aidèrent à effectuer une grimace macabre. Ses yeux noirs comme la nuit semblèrent se dilater davantage, se posant sur le visage d’un soldat complètement terrifié. « Tenez votre position. Rappelez-vous de votre devoir »
En bandoulière, il portait une arquebuse qui ruisselait déjà de la pluie torrentielle. Sa main gauche, terminée par des griffes acérées qu’il n’avait pas pris la peine de masquer sous d’épais gants de cuir, était crispée sur le manche de son arme. Son autre main était posée sur la poignée de son pistolet de service, le chien déjà relevé, la capsule détonante prête à éclater pour dispenser la mort.
Des déchets toxiques et de la pluie se soulevèrent alors en un épais brouillard toxique dans lequel des ombres commencèrent à se dessiner alors que le bruit de l’acier se faisait de plus en plus proche et sourd. Tout autour, des tambours se mirent à résonner, tonnant d’hymnes impies et complètement arythmiques. Les oreilles de certains malheureux se mirent à couler d’un liquide noir pollué qui ne pouvait qu’être leur sang, lequel ruissela sur leurs vêtements déteints par la corrosion venue des cieux.
Le préfet ignora la sensation et tourna la tête alors qu’il entendait des bruits de pas rapides sur sa droite. Il vit la petite forme de sa seconde aux commandes dans Malacombe, la Marshal Anja Lowenherz. Celle-ci, son fusil entre ses mains, s’arrêta à quelques pas et salua le préfet, tapant du pied.
« Préfet » dit-elle froidement. « Depuis la forêt on les voit arriver, ils ont déployé une vingtaine de leurs hommes dans les bois et ils comptent nous contourner »
« Prenez une escouade de la garde et tenez-les en réserve. Faites tout le nécessaire. Venez nous rejoindre en renforts dès que possible »
Au loin, des hurlements bestiaux et inhumains retentirent alors que de la vapeur s’élevait de la position des ennemis, ceux-ci se rapprochant toujours plus. Des formes massives se détaillaient aux côtés des troupes plus régulières de l’ennemi.
Le préfet effectua une courte prière à l’adresse des Archanges et se mordit la langue, sentant le goût agréable du sang couler dans sa bouche. Il se maudit pour cette inattention et regarda devant lui. Il savait que les prochaines minutes seraient décisives pour cette portion de Malacombe. Il entendit, derrière lui, le capitaine approcher d’une démarche boitillante. L’homme avait une attèle de fortune lui entourant la jambe gauche, signe des derniers affrontements. Il était accompagné de deux gardes du corps entièrement couverts de brigandines d’acier et de cottes de mailles. Des heaumes couvraient leurs visages, ruisselant de l’eau poisseuse.
« Monsieur le préfet » fit le capitaine, s’appuyant sur sa lance pour avancer efficacement. À sa hanche pendait un glaive et une masse d’armes. Sur son autre bras, il portait un bouclier rond en bois cerné d’acier. « Nous avons une compagnie de réserve à l’arrière et des hommes près de la rivière au cas où l’ennemi tente de nous attaquer dans cette direction » dit-il.
Il semblait épuisé. Ils l’étaient tous. Fortalissam n’avait pas encore envoyé de renforts. Fortalissam ne pourrait certainement pas envoyer de renforts en fait. Et c’est pourquoi les hommes de la Garde et de la Préfecture ne cessaient d’aller d’un champ de bataille à l’autre, étant épuisés par les combats constants. Heureusement, la majorité des soldats de Novgorod étaient moins talentueux, plus poussés par la folie que la discipline, et faisaient donc de piètres adversaires.
Mais ils étaient guidés par des forces impies et semblaient ne reculer devant rien. Albéric Ludvic Wilhem inclina son chapeau sur le côté, laissant l’eau accumulé s’écouler sur son épaule.
« Et les villageois? » demanda le préfet en regardant les maisons longeant le chemin principal sur lequel ils étaient. Il en vit quelques uns, postés dans les arbres, tenant des frondes et des arcs de chasse.
« Ceux qui peuvent se défendre ont installés des postes de ralentissement au cas où notre défense flancherait, ça va permettre aux autres de fuir »
Le préfet grommela. Il n’aimait pas l’idée de la fuite. En même temps, en son fort intérieur, il pouvait très bien comprendre que les malheureux gardes et villageois n’avaient pas la grâce d’un agent de la préfecture. Encore moins de quelqu’un qui, comme lui, avait passé des années à l’académie et avait été formé de la meilleure façon qui soit. Il savait que ce serait là la seule chance de ces âmes médiocres le moment venu.
« Tant que la garde tient sa ligne jusqu’à ce que j’en dise le contraire, il n’y aura pas de problèmes » dit-il de façon menaçante, assez haute pour que les autres entendent. Malgré son assurance visible, il se sentait gelé. L’eau avait passé au travers de son manteau long bleu brodé d’or, dégoulinant sous sa veste, se frayant un chemin sous son armure de cuir et entre les mailles de sa cotte. Semblable à un prédateur se plaçant pour le coup final.
Il sentait tout cela givrer. Un vampyrien n’avait pas une chaleur corporelle très intense. Une autre horreur de sa condition. Il remercia la Lumière de lui avoir donné une journée de pluie pour cette bataille, cela lui donnerait la chance de ne pas flancher sous les rayons brûlants qui étaient la sainte rétribution face à son existence.
C’est alors qu’il vit, dans les cieux, des bouts de métal et de verre voler dans leur direction, catapulté depuis on ne savait où. Ils traînaient derrière eux une âcre fumée. Ils étaient habitués à cela depuis quelques jours et les alchimistes du village avaient travaillé d’arrache-pied pour leur fournir les équipements adéquats pour survivre. Malgré tout, les plantes se faisaient rares à ce temps de l’année et il devenait de plus en plus difficile de tenir le rythme.
« Attaque au gaz! » cria le capitaine à la gauche du préfet. Les hommes levèrent les visières de leurs casques et tirèrent de leurs bourses d’épais bouts de chiffon faits de laines et de multiples autres tissus, emplis de plusieurs filtres naturels qui bloqueraient les poisons qui arrivaient sur eux. Ils virent les fioles tomber dans leurs rangs et certains furent trop lents pour réagir, se tenant la gorge, tombant à genoux en criant et suffocant. Certains de ceux-là ne s’en réveilleraient jamais.
Plusieurs virent leurs yeux se dessécher, perdant la vue pour toujours. D’autres se mirent à saigner de tous les pores de leur peau et s’écroulèrent au sol. La plupart ne se contentèrent que de s’étouffer.
Le combat n’était même pas commencé qu’une douzaine d’hommes étaient déjà hors de combat ou luttaient péniblement pour tenir, seule la discipline de leurs collègues leur permettant de rester debout, la présence rassurante d’officiers et de frères d’armes qui étaient restés à leurs côtés depuis des années. Ceux qui s’étouffaient se relevèrent. Les autres, déjà trop faibles, restèrent au sol et des brancardiers accoururent depuis les habitations, saisissant les carcasses afin de les éloigner du champ de bataille, leur administrant des anti-poisons, les faisant vomir les horreurs qu’ils avaient absorbées.
Puis ils furent engouffrés dans la fumée et le brouillard nauséabond. Les hommes toussaient tout autour, se frottaient les yeux.
« Sortez vos armes! » cria le capitaine, pointant lui-même sa lance vers l’avant. Les soldats en firent de même, leurs haches émoussées scintillant d’eau infecte, leurs lames prenant la position indiquée par des années d’entraînement, leurs marteaux se tenant de deux mains tremblantes.
C’est alors que des humanoïdes difformes plongèrent hors du brouillard, fonçant en hurlant tels des déments en direction des membres de la préfecture. Leur chair scintillait d’un feu intérieur, des runes impies illuminant les ténèbres avec encore plus d’obscurité alors que leurs gueules béantes laissaient échapper des tisons depuis leurs masques de cuir usés ou d’acier forgé à même les ténèbres.
Leurs griffes et poings démesurés fondirent sur les premières lignes de garde et, à mesure qu’ils étaient heurtés, s’abattaient avec plus de frénésie, pulvérisant armures, lames et corps avec une aise déconcertante. Dès les premières secondes, la première ligne de défense fut disloquée dans un torrent écarlate retentissant du bruit de l’acier se bombant, du bois se fracassant et de la chair se rompant.
Le préfet poussa un cri de défi et enfonça sa hallebarde dans le corps de l’une des créatures de toutes ses forces. La pointe de l’arme tordit à l’impact tout comme le reste de la tête et le métal se mit à fondre dans la plaie de la créature qui poussa un râle et s’écroula sur le côté. Il dégaina son épée finement forgée et s’avança lentement vers une autre monstruosité, laquelle hurlait de façon démente et continue en avançant vers le préfet ne savait quoi.
Sur le sol, il voyait un garde reculer dans la boue, désarmé, terrifié face à la colère du démon lâché sur lui. Le préfet abattit sa lame contre la créature et attira aussitôt sa fureur impie, le monstre se retournant vers lui et le frappa brutalement dans la poitrine. L’impact propulsa le préfet de quelques mètres en arrière et ce dernier glissa dans la boue écarlate, son épée gisant quelques mètres devant lui, se faisant enjamber par l’horreur de ténèbres.
« Forces de la Lumière, tenez bon! » cria-t-il. Peut-être était-ce plus pour se convaincre lui-même que l’ennemi. Le bandeau de laine épaisse qu’il avait au visage l’avait immunisé contre la fumée et son organisme était empli de riches nutriments qui lui assureraient protection. Malgré tout, il le sentait se détacher et craignait pour les prochains instants. Mais le combat physique serait sûrement la cause de sa mort bien avant le combat physiologique.

***

Les tambours progressaient vers eux, leurs porteurs les martelant sans cesse. L’un d’eux portait le sinistre vêtement verdâtre de ce qu’ils avaient appris à connaître comme étant des hommes du Temple de la Magie et de la Mutation. La chair du malheureux était putréfiée. Probablement par l’exposition aux gaz, pendant qu’un autre, vêtu de rouge, arborait fièrement une multitude de crânes à sa ceinture. Le dernier, vêtu de violet, avançait délicatement, son hymne étant le plus sinistre de tous. Où l’un promettait souffrance éternelle, l’autre une mort sanglante et brutale, le dernier semblait susurrer les pires cauchemars pour l’âme.
Anja fit signe aux gardes de rester couchés sur le sol. Ils obéirent, ne désirant pas provoquer la colère d’une Marshal de la préfecture. L’expérience donnée par le Marshal Lysander était encore trop fraîche chez les serviteurs de la Lumière. Elle épaula sa carabine, visa celui qu’elle aimait le moins et inspira.
« Hommes de la préfecture! Frappe tactique! » cria-t-elle en relâchant son souffle et son tir.
Aussitôt, une volée de projectiles fila dans la direction des hérétiques. Les trois porteurs de tambour furent momentanément fauchés, leurs crânes ou torses transpercés par des tirs aiguisés. Un homme, grand et massif, le regard profond, s’extirpa des buissons.
« Escouade un de la garde, avancée tactique par la droite! Escouade deux, heurtez-les avec effet! » gronda Mordecaï; il avait déjà expliqué le plan aux soldats de la Garde. Ils devraient bien se débrouiller.
Aussitôt, les hommes avancèrent dans la mêlée. Les troupes de Novgorod furent prises par surprise et gouttèrent aussitôt à leur propre sang alors que la préfecture, combinée à la Garde, effectuait une attaque bien coordonnée. Viktor Mordecaï enfonça la pointe de sa hallebarde dans l’un des lents guerriers en rouge et se retourna à temps pour esquiver le coup d’un autre qui courait en hurlant dans sa direction. Ses traits difformes n’étaient plus ceux d’un homme.
« Impie » fit Mordecaï, balayant devant lui de sa hallebarde et fauchant la jambe droite de l’hérétique qui tomba au sol. Un autre coup ricocha contre l’épaulette droite de son ennemi, l’impact lacérant néanmoins l’acier et faisant une profonde entaille dans la chair de son opposant qui s’effondra sur son flanc. De multiples détonations retentirent alors sur sa droite et il sentit une atroce brûlure le saisir à la hanche alors qu’une balle l’y heurtait. Son armure de cuir avait suffisamment absorbé le choc pour l’empêcher de subir une blessure fatale mais il tituba derrière un arbre alors que les autres tirs filaient autour de lui. Il pensa un moment à recharger son pistolet à poudre mais savait que c’était du suicide. Il vit la formation de garde entrer en mêlée avec les ennemis, le son des boucliers en amande résonnant alors qu’ils heurtaient casques et armures de plaques de l’ennemi. L’acier se déchirant retentit alors que les lourdes troupes en rouges martelaient leurs carcasses implacablement de leurs masses et épées, l’acier rompant comme la chair avec une aisance sinistre.
Le sang coulait autour de Mordecaï comme un marais. Il vit Anja, tirant un pistolet à poudre de sa ceinture abattre un autre porteur de tricanon, lequel venait tout juste d’allumer ses mèches. Le tir le heurta en pleine gorge et l’hérétique fut agité de spasmes alors qu’il tombait au sol. Un tir de son arme fila dans les branches des arbres. Plusieurs autres y succédèrent.
« Forces de la Lumière, on tient la ligne! » cria-t-elle, sa voix presque enfantine retentissant au milieu du tintement des lames et du grondement abyssal des marteaux se heurtant les uns les autres. Un hérétique fonça vers elle et sa main laissa tomber le pistolet à poudre à la crosse ornée d’un crâne grimaçant. Elle tira son épée à deux mains et bloqua le premier coup de marteau, la faisant reculer d’un pas. Elle vit le métal se déformer et elle savait que son adversaire, plus lourd et plus massif qu’elle, ne ferait qu’une bouchée de sa personne dans l’état actuel des choses.
Elle fit une contre-attaque sévère dans les côtes de l’hérétique et ce dernier courba l’échine à l’impact. Elle enchaîna aussitôt, malgré que sa lame fut déformée et inapte à s’enfoncer dans le corps de l’hérétique. Elle le matraqua de coups alors que l’infidèle tombait à genoux en hurlant de douleur et elle lui ouvrit alors la gorge à l’aide de sa lame dentelée par les dégâts. L’hérétique mourut en un gargouillement alors que le sang coulait intensément sous sa mâchoire.
Elle laissa retomber l’arme sur le sol et saisit sa hallebarde reposant contre un arbre et l’envoya aussitôt contre la tête d’un autre assaillant en cotte de mailles qui plongeait sur son flanc. Ce dernier, plus rapide, n’utilisait pas les lourdes techniques du temple du massacre et elle reconnut ses vêtements violets. La lame de sa hache n’en fit qu’une bouchée et elle fit un pas dans la mêlée. La formation de la garde tenait difficilement, son sergent criant des ordres à gauche et à droite, abattant sa masse dans des arcs répétés, écartant l’arme de ses ennemis et fauchant ceux qui se trouvaient trop près.
Anja vit alors, dans la brume des profondeurs de la forêt, la cape battant dans le vent de Nikodym Artiom. Celui-ci avançait lentement, une démarche boitillante, son épée à deux mains rouillée pointant le sol et ruisselant des pestes les plus virulentes. Elle sentait la malice et goûtait son infecte puissance jusqu’ici, les yeux brillant d’une lueur verdâtre de putréfaction du mage se posant sur elle. Il leva lentement la main.
« En avant » dit-il gravement, lâchant trois colosses d’acier en fusion. Il fit plusieurs gestes et elle les vit alors s’accélérer, comme s’il avait envoyé une puissante bourrasque dans leur direction. Ils couraient, bien plus vite que de telles choses n’auraient du le pouvoir. Leurs poings s’abattirent brutalement dans les armures et les faciès des hommes à ses côtés et, désormais, elle savait qu’il lui faudrait plus que de la discipline pour tenir la ligne.
« Mais qu’est-ce que ces monstres? » cria-t-elle alors que les lames ricochaient contre leurs cuirasses en fusion et que des malheureux se faisaient incinérer par leur poigne.

***
Albéric vit le capitaine se jeter sur le flanc de son Némésis et lui abattre sa masse de toutes ses forces dans le crâne, si fort que les tisons intérieurs de la créature consumèrent instantanément l’arme et incinérèrent le bras de l’officier qui poussa un hurlement et tituba sur le côté. Albéric se redressa aussitôt, ignorant la douleur de l’officier qui était à genoux en train de crier. Il vit les regards des hommes qui reprenaient leurs positions. Il savait à quel point cela pouvait être démoralisant.
« Taisez-vous » gronda-t-il à l’adresse du capitaine alors que des brancardiers arrivaient. C’est alors qu’une pluie de détonations fondirent vers lui. La plupart furent arrêtés sur des boucliers. D’autres touchèrent un garde à sa droite en plein visage, traversant sa visière et projetant une gerbe de sang à l’extérieur. Un homme à sa gauche vit le flanc de son visage et son oreille droite être arraché par l’une des billes d’acier. Une autre heurta le préfet en pleine poitrine mais ses épaisseurs d’armure et son gambeson l’en épargnèrent totalement.
Il leva son arquebuse et visa droit devant lui, voyant alors les ombres s’extirper de la fumée. En rouge, en violet, en vert. Ils avançaient, un homme sur cinq faisant feu d’un tricanon, allumant progressivement la mèche et tirant à répétition. Il en abattit un d’un tir précis en pleine tête et laissa aussitôt retomber l’arme par terre alors que de la fumée s’échappait de son canon.
Il vit alors les grenades rouler dans ses rangs. Leurs mèches atteignirent leurs limites et elles explosèrent, fauchant des portions entières du champ de bataille. Un homme tourna les talons et commença à fuir. Un simple tir dans l’arrière de la nuque dissuada les autres d’en suivre l’exemple.
« Soldats de la Lumière, en ligne! Tenez-bon et montrez-vous digne des archanges » dit-il en serrant les dents. Il dégaina son second pistolet et attendit la charge qui vint bien vite. Peu importe leurs couleurs, les guerriers foncèrent dans ses lignes en criant. Certains furent touchés par des tirs mais se révélèrent ne pas être là ou en être un autre. Plusieurs cadavres s’ajoutèrent sur le chemin devant eux alors que les flèches des citoyens touchaient des cibles, tout comme les pierres projetées par les frondes. Les arbalètes et arcs de la garde provoquèrent leurs lots de pertes aussi. Malheureusement, ceci ne fut pas suffisant et le contact eut lieu.
La gorge irritée par le fumigène, la peau humide collée contre le masque à gaz improvisé, le préfet s’avança entre ses subordonnés, ses deux épées en main. D’un coup à sa droite, il ouvrit le flanc peu protégé d’un hérétique qui s’effondra sur le sol. D’un coup à sa gauche, son sabre ouvrit la gorge d’un autre, laissant une gerbe de sang en quitter. Mais déjà, le préfet commençait à recevoir des coups.
Il invoqua les Archanges pour le protéger, les sentant lui donner l’aide nécessaire à mesure que ses collègues mourraient ou tombaient autour de lui. Il voyait la ligne de front flancher sous les ennemis de plus en plus nombreux, se déversant sur eux telle une marrée infinie.
Un coup de marteau dans ses côtes lui coupa le souffle et il posa le genou au sol. Un autre dans le dos passa près de traverser ses protections et il s’affala face première. Il tendit la main vers son épée gisant à quelques centimètres devant lui mais un pied vint écraser sa main et il poussa un grognement de douleur.
Lorsqu’il leva la tête, il remarqua la forme massive d’Yvankovski, l’ancien Tzarok. Ce dernier avait le visage couvert d’un épais masque en cuir ailé. Lame pointée vers le bas, le champion de la Grande Mère allait achever le préfet comme un porc dans la boue. Albéric ne tolérerait pas ça. Il localisa une faiblesse dans l’armure de son ennemi et enfonça ses griffes de toutes ses forces. Le cri de douleur fut suffisamment satisfaisant pour le préfet qui vit le Rakovski reculer en boitant. Albéric bondit sur ses pieds, son manteau ruisselant de boue écarlate battant derrière lui alors qu’il envoyait son poing gauche en plein visage du colosse, ce qui eut le mérite de le sonner. Un autre coup en pleine mâchoire lui cassa une dent. Yvankovski ramena son épée et frappa de nouveau, ce que le préfet esquiva. Il se pencha rapidement pour reprendre ses armes mais vit que son adversaire l’observait, ne prenant pas l’avantage.
Albéric plongea droit devant, se mettant aussitôt à échanger des coups contre ce dernier, sentant les entailles s’ajouter sur son corps aux ecchymoses de la veille qui n’avaient pas encore guéries.

***
« Sergent, ils arrivent par la rivière! » fit un homme. Le sergent, Midras de son nom, se retourna vers la source de la voix et il vit qu’en haut de la petite tour, un arbalétrier pointait la forêt. Il suivit l’emplacement que désignait le doigt et il vit alors une quinzaine d’hommes s’extirper de la forêt. Rien de très nombreux en comparaison à sa trentaine de gardes. Il ordonna ses soldats en rangées devant la rivière. Ils accueilleraient leurs ennemis dignement.
Un trait de flammes fila aussitôt depuis l’un des hérétiques vers la tour qu’occupait son arbalétrer et incinéra momentanément celle-ci, projetant un nuage de fumée noire et de vapeur dans les airs. Le bois grinça alors qu’il courbait et s’effondrait sur le côté, pulvérisant une chaumière non loin au passage et dispersant la ligne de boucliers que ses gardes avaient formée, rompant au passage la formation.
« En formation! » cria le sergent. C’est alors qu’il entendit la multitude de détonations et il vit que plusieurs adversaires avaient allumés les mèches de leurs bâtons de feu. Il vit l’un des hommes avec qui il combattait depuis deux ans s’effondrer à côté de lui, la poitrine ruisselante de sang depuis un trou dans son armure de cuir.
Un autre reçu un tir dans le genou et tomba par terre en hurlant, ses cris devenant bien vite distant alors qu’il perdait conscience. Plusieurs de ses soldats furent touchés de la sorte, son escouade désorganisée faisant les frais de la surprise de la tour.
Midras avança parmi ses hommes restant.
« Gardes! Formation en six, préparez-vous à accueillir ces enculés! »
Les hommes autour de lui prirent leurs positions, ses deux autres escouades se positionnant correctement et tendant les lances vers l’avant. Ils virent leurs ennemis s’enfoncer dans la rivière dont le niveau de l’eau était passablement bas. Dès qu’ils furent proches de la rive, ils furent accueillis royalement. Aucun stratège intelligent ni aucun homme sain d’esprit n’aurait tenté cela face à des troupes préparées.
Les lames de ses gardes fauchèrent les hérétiques alors qu’ils peinaient à quitter l’eau, laissant leurs corps partir dans le faible courant et les blessés se noyer dans l’épaisse eau jaunâtre.
Trempant son épée dans la rivière, le sergent regarda les cadavres s’éloigner et observa ses soldats et les blessés. Loin derrière eux, les détonations et les hurlements de morts retentissaient à répétition et il vit la ligne principale flancher malgré la résistance déterminée du Préfet Albéric.
« Compagnie, on se rassemble! Avancée agressive! Allons sortir le préfet de là! Montrons à l’Empire de quoi la Garde Storch se chauffe! »
Des cris de défi retentirent à l’unisson suite à son annonce et Midras prit l’avant, son épée bien empoignée dans son gant d’acier, son armure de plaques à peines salies par la pluie torrentielle scintillant sous la lueur des torches du village. Les villageois regardèrent sa troupe progresser le long du chemin principal, s’apprêtant à rejoindre le gros de la bataille.

***
Anja courait entre les arbres à mesure que le colosse la suivait, fauchant la végétation à chaque coup de poings. Elle avait vu Ceodred sortir du bois et lui envoyer un puissant coup de hallebarde mais la dernière image qu’elle eut du robuste constable fut ce dernier propulsé au sol, son armure bosselée et du sang coulant à la commissure de ses lèvres.
Elle savait qu’il était capable d’en prendre plus que ça, mais elle attendrait la fin de la bataille pour s’en assurer. Elle sentait son souffle se faire rare et la vapeur quittait sa bouche à chaque expiration. Elle glissa finalement dans la boue et tomba au sol, voyant le Staline ralentir le pas, avançant lourdement vers elle de nouveau, la vapeur quittant chaque trace qu’il laissait derrière lui comme le feraient autant de cratères suite à la chute de corps célestes nimbés de flammes.
La créature posa un genou à terre, près du visage de la constable et elle sentit sa chaleur; la boue croutait autour du corps de la jeune femme, cuite par la présence infernale qui se tenait près d’elle. Le monstre leva le poing pour l’abattre sur elle. Ce serait fatal, elle le savait. C’est alors qu’elle vit une lame scintillante se définir au-dessus d’elle et s’enfoncer dans le crâne de la créature. Des tisons tombèrent sur Anja et sur son armure et elle entendit le grincement du métal glissant contre le métal torturé alors que l’épée était ressortie du crâne en fusion de la bête d’acier. Elle put lire sur le plat de l’épée le mot Châtiment, ces lettres défilant au-dessus de ses yeux avec finalité.
Elle leva la tête et vit la forme robuste de Severus, lequel envoya un coup de pied dans la poitrine du monstre pour le faire basculer vers l’arrière, la créature tombant dans une flaque d’eau poisseuse et soulevant un nuage de vapeur en un sifflement de condensation. Anja scruta les environs et vit Valar et Alice aux côtés de son salvateur, armes et armures scintillants dans la pénombre.
« Je pense que nous avons une bataille à gagner ici » fit sombrement Severus, sa voix n’étant ni sarcastique ni dominante. Sa cape vola un instant dans le vent par une brise bien placée. Un instant, la vision qu’elle avait était celle d’un dieu de guerre s’abattant sur les mortels. Severus lui tendit une main gantée qu’elle agrippa avant d’être remise rapidement sur ses pieds et il s’avança aussitôt, lui tournant le dos et dégainant un pistolet à poudre alors qu’il mesurait ses pas dans la vapeur nocive du champ de bataille.
L’eau ruisselait sur son corps comme une chute glaciale, coulant depuis son chapeau jusque sur ses épaules en minces filets poisseux. Le canon de son arme dégoûtait tout autant alors qu’il était pointé sur un ennemi chargeant dans sa direction avec une massive hache de guerre. La détonation assourdissante résonna lourdement dans la région, projetant un nuage de fumée grise dans la trajectoire de la balle mais bien vite la poussière du canon fut dépassée par le projectile qui vint se ficher en pleine poitrine de l’assaillant.
Il s’écroula sur le sol sans un soupir, Severus enjambant aussitôt sa carcasse sans pensée additionnelle, accompagné de ses fidèles et d’Anja qui, encore tremblante d’adrénaline face à sa presque mort, peinait à suivre le rythme.

***

Le préfet fit un pas de côté et passa sous la silhouette brutale de Robinoslav alors qu’Yvankovski l’attaquait avec toute la fureur d’un prince déchu. Le fer morbide heurta ensuite l’une des épées de l’agent de la préfecture qui sentit l’impact vibrer jusque dans son coude. Cependant, la faiblesse qu’il avait ressentie dans les premiers moments de la bataille s’estompait peu à peu alors qu’une nouvelle vigueur s’enfonçait dans ses muscles, lesquels baignaient dans l’obscurité du champ de bataille.
Loin de lui, le soleil se masquait pour lui donner l’avantage nécessaire. Il pria les Archanges de pardonner son existence blasphématoire alors qu’il déployait son corps en un nouvel enchaînement d’acier et de juste fureur. Le tintement retentissait à chaque instant, Yvankovski n’arrêtant pas dans ses assauts alors que ceux de son adversaire se faisaient toujours plus forts. Pourtant, le Tzarok semblait infatigable, son armure de plaques étant enfoncée de toutes parts et sanguinolentes des malheureux qu’il avait croisés jusque là. Et puis, ce fut d’un coup de pied entre les jambes qu’il força le préfet à genoux, ce dernier sentant l’air quitter ses poumons. Il serra les dents et croisa ses armes alors qu’il voyait la chute brutale de l’acier impie de son ennemi en direction de son crâne.
Ses coudes plièrent à l’impact et son échine courba.
Ne jamais céder par la force. C’était l’un des dictons de la préfecture. La loi, c’était lui. Pas celle de la force.
Il vit son ennemi ramener son arme à son épaule et, d’un mouvement de hanche, la renvoyer de nouveau avec tout l’impact que pourrait déployer sa fureur et la colère ainsi concentrée. La puissance de l’assaut fut limitée in extremis par les deux lames du préfet qui vinrent à la rencontre de celle du serviteur de la Grande Mère.
L’impact envoya Albéric sur le dos, finissant de salir ses riches vêtements d’officier des élus de l’Empire. Le géant fit un pas de plus vers lui, ignorant la boue qui tirait sur ses talons, ne se préoccupant pas d’à quel point le terrain était mauvais pour ses efforts. Il ne fit que pointer vers le bas, ce que Wilhem évita d’une roulade sur le côté. Il en profita et bondit alors sur ses pieds. Son ennemi n’était guère capable de tirer sa lame qui s’était enfoncée trop profondément. C’était là une opportunité fatale.
Albéric envoya son sabre contre l’avant-bras cuirassé de son adversaire, l’impact éloignant sa main de là. Un nouveau coup, derrière le genou droit, s’enfonça dans les mailles et lattes d’acier de l’hérétique et la brutalité de celle-ci lui fit poser le genou au sol. Yvankovski vit le préfet bondir sur lui, ses armes dressées afin de tracer un V de mort dans sa direction et il saisit aussitôt les deux poignets de son ennemi en grognant, luttant avec la puissance obscure qui donnait à l’officier de la Loi la vigueur qu’il avait en cet instant.
Se redressant et soulevant son opposant du sol, Yvankovski grogna, espérant que sa jambe blessée supporterait leurs poids communs.
« Toi mourir aujourd’hui » prononça-t-il péniblement de son lourd accent. Albéric grognait d’effort mais il n’avait pas l’avantage, ce qu’il corrigea d’un coup de tête dans le front de son ennemi. La douleur fut partagée mais le fit retomber sur ses pieds, à l’aide desquels il tituba un moment sur le côté avant de balayer dans le sens opposé de ses armes. Une tempête de mort s’abattit sur Yvankovski qui tituba le côté, s’empêchant de tomber tête première dans la boue grâce à ses mains lacérées. Deux profondes entailles ruisselaient de rouge dans son armure de plaques, pliée vers l’intérieur et semblant pourtant si impénétrable.
« Non, je ne pense pas » fit Albéric, s’avançant sur ce dernier. Il abattit son épée bâtarde dans le dos de son ennemi et eut la satisfaction de voir l’acier courber. Yvankovski s’étendit par terre. Le préfet l’achèverait plus tard; l’hérétique mourrait comme le porc qu’il était.
Il donna de l’attention autour de lui et c’est alors qu’il remarqua la fâcheuse situation dans laquelle il était.
Les cris de désespoir et la mort étaient ses seuls compagnons alors qu’illusions et ténèbres dansaient parmi eux; alors que les hommes se transformaient en bêtes assoiffées de sang et s’entredéchiraient comme des trisomiques jetés à l’abattoir. Il esquiva un coup sur son flanc et décapita nettement un autre homme, implorant Azrael d’assurer finalité à chacune de ses attaques, implorant le Tyran de guider sa juste fureur.
Mais une masse le heurta sur le côté de la tête. La chance fut avec lui et il tituba alors qu’un autre coup lui brisait les côtes plutôt que de lui enfoncer complètement la cage thoracique. Son ennemi l’enjamba, le laissant pour mort, et s’attaqua à un pauvre soldat qui venait tout juste d’enfoncer sa dague dans la carcasse d’un ennemi tressaillant dans ses derniers instants. Le soldat n’eut même pas le temps de se relever, ses genoux encore posés sur la cage thoracique de l’hérétique vaincu. Il leva la tête face à cette nouvelle ombre qui se dressait sur lui et accueillit d’un regard terrorisé la masse qui s’enfonça dans sa figure, projetant sang et matière grise par terre.
Albéric le vit, les deux camps n’étaient plus dotés de grands nombres de soldats et la bataille leur avait tous coûté cher, mais ils étaient encore en désavantage et la fumée se dispersait tranquillement autour de lui, dévoilant le délabrement de l’endroit. Maisons enfoncées, chaumières enflammées envoyant leur huileuse fumée en volutes hostiles à l’humidité des cieux.
Albéric s’appuya sur son épée, demandant aux dernières forces qu’il possédait de le guider au combat. Il envoya sa lame dans le bras d’un ennemi trop occupé à aider un collègue à écarteler une pauvre femme tirée hors de son habitation. L’hérétique s’effondra au sol, se vidant de son sang par la plaie trop profonde. Le préfet en embrocha un autre avant de recevoir un coup de crosse au visage, un hérétique armé d’un tricanon jetant l’arme fumante sur le sol et tirant une dague hors de son fourreau pour s’attaquer à l’officier de la préfecture. La lame fut arrêtée à quelques centimètres de la gorge de l’officier de terreur alors que sa main gauche aggripait le poignet de son ennemi et arrêtait la lame malgré l’effort des deux bras de ce dernier.
De sa main droite, il enfonça profondément la pointe de son épée dans le ventre de l’ennemi qui perdit vigueur dans sa tentative de meurtre. Albéric rejeta le corps sur le côté et se massa la mâchoire, tentant d’ignorer les étoiles qui dansaient devant ses yeux.
Des cris. De la douleur. Du sang.
Tout était là pour réveiller ses anciens instincts.
Tout était invitant pour lui de se jeter dans la marrée de débauche et de haine et de libérer sa véritable nature.
Il se crispa sur place, comme s’il tentait de contenir une force intérieure bien trop grande.
Et il résista.
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